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12. Cultures enlacées

Jeudi 25 janvier. Le ciel est à nouveau dégagé ce matin et malgré un petit -10°C, il fait bon retrouver ces couleurs d’hiver polaire. Apparition de la lune depuis quelques jours dont le croissant s’étire de jour en jour.


Point d’orgue de la journée, ce soir, à 17h, rencontre au village entre les habitants d’Akunnaaq et notre équipage artistico-lunaire, dans la salle communale qui jouxte l’école. Une bonne partie de la journée sera consacrée à préparer quelques plats que nous comptons offrir à nos hôtes ce soir : quiche lorraine, phare breton, sardines en mayonnaise, et les sublimes canistrelli corses de Philippe dont voici la recette magistrale.

 


Alors qu’Aurélie cueille quelques prises de vue, seule sur la banquise, nous nous apprêtons à rejoindre le village.


Double épaisseur de vêtements, cagoule, lunettes de ski en cas de vent de face, anorak, bottes polaires, gants (si possible des moufles), et la lampe frontale pour le retour de nuit. Sans oublier dans les poches, une couverture de survie (en cas de pépin) et un sachet de chauffe-mains (je n’ai pas encore essayé mais il paraît que ça permet de réchauffer les extrémités en cas d’exposition prolongée au froid). Depuis que Philippe a appris qu’un ours a été abattu à Aasiaat la semaine dernière, il emporte également des pétard anti-ours.


Soirée au village insolite. Un bon nombre d’habitants d’Akunnaaq a fait le déplacement. Tout le monde prend place autour des tables et des chaises. Les mangonautes sont au centre du groupe. Je tâche de me joindre à une table où je connais certains visages dont Richard, l’un des enfants rencontrés à l’école. Sa famille est là. Son père, sa mère, sa sœur Marie, leur grand frère Kapa et leur tante Grethe (la photographe). Sur la photo : Richard avec son père Lars (le grand frère de Jens Peter) et sa tante Grethe.


La soirée démarre par un moment de présentation où nous venons chacun dire deux mots de ce que nous faisons. Kapa (assis en tailleur sur la table), qui est étudiant en journalisme à Nuuk (la capitale), joue le rôle de traducteur anglais-groenlandais.


La soirée se poursuit avec une animation dansée que propose Oïjha. Le jeu consiste à se mettre par deux et à se toucher uniquement du bout de l’index. Il s’agit ensuite de se déplacer harmonieusement en maintenant la connexion. J’invite Grethe à venir danser avec moi ! Excellent moment de partage, de rires et de connexions …

 

Plus tard, Grethe (la tante de Jens Peter que j’avais rencontrée chez lui dimanche dernier et qui m’avait parlé de son activité de photographe) me confie un sachet plastique contenant quelques échantillons de ses photos. Elle m’invite à les emporter à bord du bateau pour que nous puissions tous les découvrir tranquillement. « Kuyana » (transcription personnelle de « merci ») ! Elle me répond « ichlichlu » (transcription personnelle de « de rien»).

 

La soirée se poursuit autour de la nourriture. Nos amis groenlandais ont apporté diverses sortes de poissons qu’ils mangent généralement crus ou séchés. Je goutte notamment à de la peau de marsouin (crue) qui a effectivement un léger goût de noisette.


Après le repas, Philippe joue un tango à la guitare et Oïjha et moi sommes invités à le danser. L’un des boute-en-train du village, un petit homme âgé au sourire croquant, en profite pour inviter Elena, petite femme que nous croisons souvent à l’école, et pour singer notre tango devant les autres villageois qui s’esclaffent !

 

Un jeune groenlandais prend à son tour la guitare et entonne un air repris en cœur par toute la salle. Nos hôtes se mettent ensuite à chanter collectivement l’hymne du village, mélodie douce et tendre dont nous aurons les paroles en anglais bientôt. Promis, lors de notre prochaine rencontre, nous la chanterons avec eux.

 

Retour de nuit au bateau, le cœur bercé de ces chants et de ce moment de partage dont nous mesurons la saveur si rare.

Episode 13: Floconneries

 

A voir aussi, le site du Manguier : https://lemanguier.net